paroles du bout du monde

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jeudi 19 juin 2008

Les méandres du Fish river canyon

Pour inaugurer le forfait « kilométrage illimité » de notre Opel corsa de location nous décidons de partir pour la Namibie. La découverte de l'Afrique du sud comblera notre deuxième partie du voyage. Le ruban d'asphalte se déroule sur 700km jusqu'à la frontière sud namibienne. La route est désespérement rectiligne, et le marquage discontinu au sol tout aussi hypnotisant que la platitude des décors. Nous passons la nuit juste après le passage de la frontière.

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Au matin, nous entamons notre première piste de terre pour gagner le village de Hobas. En chemin, nous apercevons d'élégants springboks qui nous toisent avant de déguerpir en produisant des bonds prodigieux de plusieurs mètres. Un château d'eau rectangulaire et quelques baraquements annoncent l'arrivée à Hobas. Ce village est le point de départ pour la visite du Fish river canyon; le second plus grand canyon du monde après celui du Colorado aux Etats-Unis. Contrairement à son grand frère américain praticable qu'en rafting, un sentier décrit les méandres de ce canyon. Une belle randonnée de 5 jours et 85km pour rejoindre le village d'Ai Ais et la possibilité de récupérer une navette pour revenir au point de départ. Cependant avant de s'engager sur ce sentier, un responsable local exige un certificat médical d'aptitude à la pratique du trekking que nous n'avons pas. Impossible de négocier, on devra se contenter d'admirer le canyon depuis sa partie haute. On a pensé chercher un médecin dans le campement juste à côté du village mais on s'est finalement ravisé.
Une longue ligne droite de terre rougeâtre d'une dizaine de kilomètres se termine sur un point de vue. La monotonie ne laisse aucunement présager de ce qui nous attend. On claque la portière et le suspense est encore entier. On avance de quelques pas et la cassure se révèle subitement. Une fracture autant émotionnelle que géologique. Jadis une plaine qu'une rivière a rongé pendant des millions d'années sur plusieurs centaines de mètres de profondeur. Un spectacle grandiose. Des courbures en épingle à cheveux, des plateaux rocheux à différents étages, des crètes effilées aux proportions effarantes. De longues minutes silencieuses à contempler, à scruter et à s'enivrer.
Et pour s'émerveiller de tout ça, moins de 10 touristes. Tant mieux pour nous, mais il est clair que le potentiel touristique en Namibie est énorme et que les autorités tarde à le développer.

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Le lendemain, retour sur ces lieux pour admirer un lever de soleil. La journée se prolonge en bordure de falaise. D'étranges arbres parsèment le sol aride, ils se prénomment les kokerboom ou « arbre à carquois » Un mélange d'arbre et de cactus. C'est entre ses branches tortueuses que le républicain social a décidé de bâtir son nid. Cet oiseau aidé de ses compères construisent un nid pour toute la communauté. Un nid géant avec de multiples entrées. Leur devise : profiter de l'entraide de ses concitoyens pour disposer d'un habitat à moindre coût tout en gardant une certaine intimité.

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lundi 16 juin 2008

D'un cap à l'autre

10 heures de vol pour sauter d'un hémisphère à l'autre. Je m'endors à Londres et me réveille au pays de Nelson Mandela. Tandis que l'avion s'approche de la piste, les empilements de tôles ondulées et de bois difformes façonnent une ville de fortune. Des bidonvilles s'étirent sur des hectares et renvoient une image d'une triste réalité ; les enjeux d'un pays qui, chassant les vieux démons de l'Apartheid doit s'affairer à combler les disparités entre deux univers - celui de l'opulence et celui du manque - qui se juxtaposent sans jamais se regarder, ni s'affronter.
Les évènements récents causant la fuite de hordes d'immigrés zimbabwéens ne me rassurent pas tandis que je pose le pied sur le sol africain. Je débarque dans un petit aéroport en cours d'agrandissement - Bienvenue à Cape Town. Je charge mon sac, prends quelques renseignements auprès de l'office de tourisme avant de sauter dans un taxi collectif qui me dépose dans le guesthouse où j'ai rendez-vous avec mon frère et son pote Ronan.
On loue une Opel Corsa qui nous accompagnera pendant notre épopée africaine. Et notre première sortie porte un nom au combien mythique pour des générations de navigateurs et d'explorateurs : le cap de bonne espérance. Vasco de Gama fut le premier à ouvrir la voie maritime avec les Indes en contournant l'Afrique et, non loin du promontoire rocheux, une croix a été érigée en hommage au grand navigateur qu'il était. Le long de la route, de petits ports de pêcheurs agrémentent la balade. Vents et mauvais temps sont souvent le quotidien de ces marins intrépides.

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Notre route s'arrête au bout de la péninsule. Bienvenue à Cape point, un monticule acéré coiffé par un phare. Un funiculaire affranchit les plus paresseux de la montée à pied. Au-delà du repère lumineux, des millions de mètres cubes d'eau nous séparent de l'Antarctique, le continent blanc.
Sur notre droite, à une centaine de mètres de Cape point, l'écume s'échoue sur le cap de bonne espérance. Et pour les marins, le signe de la fin du « cap au sud ». Bâbord toute ! Encore quelques miles et la remontée du continent africain pourra être engagée. Le cap de bonne espérance n'est pourtant pas le point le plus au sud de l'Afrique puisqu'il est détrôné par le cap Agulhas mais il est bien plus représentatif dans le changement de route que prenaient et continuent à prendre les bateaux.
Le vent nous arrache les derniers cheveux qu'il nous reste mais la vue des falaises vertigineuses de Cape point vaut quelques minutes de lutte contre Eole.

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Sur le chemin du retour, on fait une pause à Boulders beach, où quelques familles de pingouins ont élu domicile. Pas simple de les approcher. Alors, on s'assoit sur un rocher et on se délecte de ces instants.

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En soirée, on discute avec des zimbabwéens, congolais et sud-africains qui malgré la tension politique de leurs pays respectifs partagent une certaine joie de vivre. Ainsi s'achève ma première journée de mon tour du monde, bien loin de l'appréhension que j'avais en arrivant ce matin... Une journée qui sonne le prélude de 2 mois d'aventures africaines entre déserts, safaris, rencontres et un mode de vie détendu que seule l'Afrique peut offrir.

vendredi 7 décembre 2007

Quand l'eau rencontre le vide à Iguazu

20 heures de bus, on s'occupe comme on peut, on dort beaucoup, on discute, on regarde passivement les films inintéressants diffusés sur les écrans du car et on compte les heures. J'arrive finalement le lendemain matin à Puerto Iguazu, petit village qui doit sa prospérité à la proximité des chutes éponymes. Je loge dans un des hôtels du réseau Hostelling International. Je dépose mon sac et m'inscrit à la soirée grillades et buffet à volonté. Soirée animée autour de la piscine et caipirinha à flot, les heures de bus sont bien loin. Un moment de détente avant de vivre de pures émotions, demain matin. Cette découverte des chutes, je la ferai en compagnie de Philipp (allemand) et Maria (canadienne).
A 8 heures, nous prenons le bus collectif "El Practico" et une demi-heure plus tard nous pénétrons dans le parc après nous être acquittés du droit d'entrée. La plupart des touristes choisissent le petit train pour se rendre à la garganta del diablo (la gorge du diable) mais nous préférons la sérénité matinale de la terre rouge du sentier et de sa forêt dense qui la longe. Notre choix sera récompensé par 2 toucans qui peu enclin à faire notre connaissance s'envolent en traînant leur long bec orange dans les airs. Sur le sentier, d'énormes fourmis se déplacent frénétiquement. A se demander si ce genre de fourmis doit encore être classé dans l'ordre des insectes quand leur corps dépasse les 2 centimètres de long ! Des lézards géants se tortillent dans les fourrés et croisent de temps à autre la voie ferrée.


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Nous quittons finalement le sentier de terre pour un ponton d'un kilomètre qui se faufile vers les chutes. Nos pas se rapprochent et le bruit s'amplifie. Le ponton meurt sur une plate-forme circulaire, un vrombissement en guise de fond sonore. L'eau sereine en amont de la rivière s'affole et se projette soudainement dans le gouffre. Furie incontrôlable de mètres cubes d'eau qui disparaissent dans l'antre. Un nuage de vapeur d'eau cache le fond et confère aux chutes une sensation d'infini. L'eau se jette dans le vide, un rugissement aquatique s'évapore du brouillard. Oreilles et yeux se déconnectent pour emmagasiner la colère de la nature, cette beauté brute qui nous scotche à la rambarde. Ou comment un décor apocalyptique nous prend aux tripes, nous submergent d'émotions indescriptibles. Et dans tout ça, il faut se dire qu'il y aura inévitablement une fin car de cette passion soudaine née sur une plate-forme métallique, il faut malheureusement se décoller et partir. Au fur et à mesure où l'on s'éloigne, on ressent le manque, ce besoin de revenir en arrière pour se réinjecter une dose mais la journée est encore longue et le parc nous réserve encore de belles surprises.


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Le sentier de découverte des cataractes est un jeu de cache-cache avec l'eau et la nature. On passe d'une vue d'ensemble des chutes à une vue macroscopique, d'une vue aérienne à une vue en contre-plongée. Nous apercevons des coatis qui jouent dans les branchages. On traîne les pieds pour allonger un peu le temps du tracé. On ne se lasse définitivement pas de cette eau en perdition. Le film est une boucle perpétuelle de molécules d'eau en mouvement captées par l'attraction terrestre. Et même si on connaît le scénario simple et tragique racontant la vie de ces gouttes d'eau agglutinées, on reste des spectateurs fidèles, accoudés à la balustrade.

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En fin de journée, nous faisons une balade sur un sentier reculé du parc. Le parcours est silencieux et se termine sur une cascade, une de plus. Au bas de la cascade, un petit lac. Baignade obligatoire pour tout le monde.

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On n'en a pas fini avec les chutes ou on ne veut pas en finir. Le lendemain, une navette quitte l'hôtel pour se rendre du côté brésilien. On forme un superbe groupe international et le courant passe bien entre chacun des membres du minibus. Le trajet dure 30 minutes, formalités de douane comprises puisqu'aucun visa n'est nécessaire pour entrer au Brésil. Le portuguais remplace l'espagnol sur les écriteaux en bordure de route. A l'entrée du parc, un bus fait la navette jusqu'au sentier piétonnier où la fine équipe descend.
La vue des chutes du côté brésilien est en fait complémentaire de notre visite d'hier. La balade offre une vue panoramique à couper le souffle. L'eau fuit par tous les côtés de la falaise. D'une seule rivière, l'eau se divise en multiples bras qui comme une plante parasite rampe et envahit la roche puis la submerge. A l'instar du côté argentin, une passerelle étend la visite à proximité des chutes. Symphonie assourdissante de cette eau qui tombe, nous sommes trempés par les embruns. Nous retournons lentement sur le sentier pour finir par un ascenseur qui donne une perspective encore plus aérienne des chutes. Derniers moments d'une découverte magique qu'on apprécie jusqu'à la dernière goutte.

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